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MANICOMI THÉÂTRE - 396 rue Henri Giraud - 38420 LE VERSOUD - tel/fax : 04 76 77 35 51 - manicomi.theatre@orange.fr |
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En
Bref... L'histoire Mise en scène Décor M. Visniec Les autres spectacles |
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J'ai tout de suite été interpellée par ce texte. Le personnage du clown m'a toujours questionnée dans son rapport avec le tragique. Dans une atmosphère qui relève tant de l'univers beckettien que des ambiances bon enfant d'un cirque suranné, j'y retrouve les univers poétiques qui ont fait rêver les peintres, les poètes des siècles précédents, artistes admirateurs. Ils avaient fait du clown un être profondément métaphysique par sa capacité à avoir les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Terrestre, certes, le clown l'est, tout préoccupé par son casse croûte et son devenir immédiat, mais par sa lutte naïve, dérisoire et sans issue contre le «fatum» : il devient une métaphore de la condition humaine. Ici, la pièce met en scène des personnages de clown joués par des acteurs : le clown en coulisse en quelque sorte, le clown à la recherche d'un emploi de clown. Dans le contexte actuel, avec la précarisation du régime de l'intermittence, avec l'orientation mercantile de la culture, il me paraît bienvenu de montrer, de faire entendre et voir ce texte qui prend tout à coup des accents politiques. Oui, il est nécessaire de parler du statut du comédien, du clown, de l'histrion, dans cette société. La place du clown dans la société Le comédien est-il un clown ? (un bouffon, un rigolo, une quantité négligeable et superflue), à qui sert-il ? Comment est-il traité ? Mais aussi comment nous traitons-nous, dans la profession entre pairs. Le clown est-il un "vrai" comédien ? Bien que l'écrivain Serge Martin ait écrit un ouvrage intitulé "le bouffon roi des théâtres", et bien que de nombreux acteurs confrontés au travail clownesque aient avoués avoir abandonné face à la difficulté de cet exercice, le clown est rarement considéré dans sa dimension pleinement artistique. Contrairement à un interprète, le clown est tout à la fois, auteur - interprète, et c'est souvent de sa propre expérience qu'il se nourrit. Il lui faut souvent toute une vie pour parvenir à sa maturité. D'ici, peut-être, l'obstination presque enfantine de ces trois vieux à prouver toujours qu'ils ne sont pas "finis", qu'ils sont toujours en démarche et qu'ils découvrent encore des nouveautés dans leur métier. L'écriture de Visniec Ce qui me plaît aussi dans l'écriture de Matéï Visniec, c'est l'imprégnation du jeu de clowns à l'intérieur même de l'écriture théâtrale. Cet aller-retour entre la vie, le jeu de clown, la vie. Car le clown, dans son jeu, est humain, profondément humain. Sa drôlerie vient de ce qu'il dévoile, en toute innocence, la tragique impuissance de l'existence humaine. Marionnette d'un dieu hypothétique, il agit non pas en prétendant être libre, mais en nouant et dénouant à sa manière les fils invisibles qui le relient de la terre au ciel. Il joue et se joue de tout. Le paradoxe subtil de ce texte, c'est donc de réintroduire les «routines» de clown à l'intérieur même d'un jeu réaliste, ce qui n'est pas étonnant en soi puisque le jeu de clown s'inspire d'une observation très fine des comportements humains : alliance, opposition, ralliement au plus fort, écrasement du plus faible, victoire de la masse sur l'individu, victoire de l'intérêt sur le sentiment, comportement animal dès que le contexte social permet de lâcher les chiens féroces des pulsions. Mais dans ce texte, aucune pirouette de dernière minute ne viendra rassurer le spectateur et la tragédie finale ressemble plus à la vie qu'à un spectacle de cirque. La mise en scène du voyeurisme Enfin, un dernier aspect de cette pièce extrêmement riche arrête mon attention : le voyeurisme. Très à la mode aujourd'hui, cette manière de mettre en vase clos une catégorie de population, des jeunes, des candidats au star système, etc, et de les regarder par le petit trou de la serrure s'étaler dans leur quotidien! A quand les vieux enfermés, en train de crever, de chaud, de soif, de manque d'amour ? A quand les chômeurs en train d'attendre un emploi que l'on observerait tranquillement de chez soi sur son écran ? Au théâtre aussi, certes, le spectateur est une sorte de voyeur mais il partage au présent une expérience risquée avec les acteurs. Il respire, rit et souffre avec eux, il fait partie du spectacle. Le
théâtre est puissant à cause de ce
présent partagé qui est irremplaçable
pour intégrer le temps avec sa finitude et son
éternité, et faire surgir la conscience. Le texte
m'a donné envie de rappeler cette différence
essentielle entre l'image et le spectacle vivant, de confronter en
direct les écrans et le jeu des acteurs.
Le décor est léger, réalisé par Daniel Martin, il représente une salle d'attente aux vagues couleurs passées évoquant les imprésarios véreux des vieux cirques, les lieux sans espoir et sans fenêtre. Deux chaises permettent aux trois acteurs de jouer, rejouer la grande question de leur place en ce monde. Des
écrans de télévision,
au-delà, apparaissent et disparaissent laissant entrevoir un
arrière plan où des gens tournent le dos au
spectacle vivant se repaissent des souffrances des autres, leurs
semblables pourtant, mais rendus étrangers par la seule
magie de l'écran.
Matéï VISNIEC est né en 1956 en Roumanie. Après des études d'histoire et de philosophie à l'Université de Bucarest, il enseigne dans son pays, écrit pour le théâtre et travaille à Radio France Internationale. Il vit en France depuis 1987 où il a demandé l'asile politique pour se consacrer à l'écriture. Depuis son arrivée, il écrit essentiellement en français. En
Roumanie, entre 77 et 87, il écrit une vingtaine de
pièces
de théâtre, un roman, plusieurs
scénarios En France, son théâtre est découvert en 90 par la compagnie Pli Urgent de Lyon (Christian Auger) et la compagnie le Jodel d'Avignon (Pascal Papini). Après un premier succès à Lyon avec Les chevaux à la fenêtre, ses textes intéressent plusieurs metteurs en scène et les créations vont se succéder à Paris et en Province (Marseille, La Rochelle, Avignon), mais aussi dans de nombreux pays : en Roumanie (plus d'une vingtaine de mises en scène depuis la chute du régime communiste), en Allemagne, en Belgique, aux Etats-Unis, en Finlande, aux Pays-Bas, en Moldavie, au Maroc Théâtre décomposé ou l'homme poubelle a obtenu Le Prix Théâtre Vivant de RFI en 93 et a été présenté au Festival international des Francophonies en Limousin en 94. Mateï VISNIEC a également reçu le Prix du Théâtre radiophonique accordé par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. En 96, le Théâtre national de Timisoara (Roumanie) organise un festival autour des uvres de Mateï VISNIEC ainsi que le Théâtre de la Minoterie à Marseille. Quelques unes
des ses pièces éditées en langue
française
:
· Trois nuits avec Madox
· Du pain, plein les poches · Théâtre décomposé ou l'Homme Poubelle · les chevaux à la fenêtre · Paparazzi ou la chronique d'un lever de soleil avorté · Du sexe de la femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie · L'histoire des ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Fancfort · L'histoire du communisme racontée aux malades mentaux etc |
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